Quelle est ton approche générale en matière de composition ?
Ça dépend. S'il s'agit de publicités, les clients – généralement des agences de communication – ont tendance à m'envoyer des références ou des listes de sensations qu'ils ont envie de transmettre. Par exemple, « faire quelque chose d'émouvant mais pas trop », des choses comme ça. Mon boulot consiste à définir le style en appliquant ces descriptions écrites à la musique. Par exemple, s'il est dit que le résultat doit avoir un aspect « indie », j'essaie de trouver des références en « lorgnant du côté de Radiohead mais pas trop ». J'essaie de trouver le cadre adapté pour bien démarrer et pour éviter les problèmes pendant le processus de travail. Habituellement, je recherche des morceaux qui génèrent les sensations désirées, je les présente au client puis je commence à composer dès que je sens que nous sommes sur la même longueur d'onde.
Les films sont généralement plus compliqués parce que la plupart du temps il n'existe aucune référence. On est fréquemment confronté à des situations du genre « C'est la scène avec telle chanson distinctive, mais une chanson que je n'aime pas. D'un autre côté, le rythme est sympa ! » De tels procédés nécessitent un gros travail d'analyse concernant certains critères et une réflexion sur l'instrumentation, le tout sans perdre de vue les sensations souhaitées.
Le travail avec un artiste est totalement différent. Outre le fait de devoir se familiariser avec son style, il faut aussi s'intéresser à sa carrière et à son évolution musicale, en plus de l'analyse de la situation et des tendances du marché. Certes c'est un lieu commun mais les conversations à battons rompus avec l'artiste peuvent apporter beaucoup au résultat du processus de production. En matière de production, j'aime travailler au plus près de l'artiste, l'idéal étant qu'il reste à mes côtés pendant l'essentiel du travail.