Cubase et Dorico pour produire « Sing meinen Song »

Par Markus Hartmann et Sebastian Mönch

Depuis ses débuts en 2017, Sing meinen Song – Das Tauschkonzert est l'une des émissions musicales les plus célèbres du paysage audiovisuel allemand. Plus de cinquante artistes de renommée internationale ou nationale ont déjà participé à l'émission. Le concept s'inspire du programme hollandais De beste zangers van Nederland qui est actuellement décliné dans dix pays européens. Tout l'intérêt de l'émission réside dans le fait que les artistes s'échangent leurs morceaux et les interprètent à leur façon. Ce faisant, ils sont accompagnés par le magnifique groupe de scène Grosch's Eleven et on assiste souvent à des moments forts auxquels les artistes acceptent de s'exposer pour donner la chair de poule au public.

Le producteur et leader du groupe Mathias Grosch est responsable des arrangements et de la réalisation musicale. Il dispose à ses côtés du compositeur et arrangeur Konrad Hinsken qui écrit les arrangements pour le groupe de scène dans Dorico. Tous deux travaillent avec le logiciel de notation musicale Dorico et avec la DAW Cubase depuis de nombreuses années.

Comment avez-vous été choisis pour « Sing meinen Song – Das Tauschkonzert » ?

Mathias : J'ai composé le groupe de 11 musiciens en choisissant parmi de très nombreux candidats parce que je connaissais encore beaucoup de monde ici à Mannheim de l'époque où j'y avais fait mes études. Et j'ai embauché Konrad comme arrangeur dès le début de l'aventure pour que nous puissions développer le concept musical des arrangements taillés sur mesure pour les différents artistes.

Qui choisit les artistes et les morceaux ?

Mathias : La maison de production Talpa et Vox, la chaîne de télévision mandataire, choisissent les artistes en nous consultant systématiquement. Nous veillons à ce que les artistes soient issus de genres différents pour disposer d'un choix d'influences musicales aussi riche que possible. Quand la sélection est faite, nous rencontrons les artistes participants pour discuter quels morceaux d'artistes tiers ils vont interpréter.

Comment commences-tu à travailler avec les artistes et quand Cubase entre-t-il en jeu ?

Mathias : Une fois que les titres sont sélectionnés, chaque artiste passe me voir en studio et nous travaillons sur les morceaux. Pour moi, c'est la partie la plus intéressante et la plus créative du travail. J'ai le rôle du producteur et j'élabore les arrangements en collaboration avec les artistes, parfois dans des styles totalement différents. C'est là que Cubase Pro entre en jeu et m'aide à créer l'arrangement. Je commence chaque morceau en appelant un projet préconfiguré qui me sert de modèle pour la composition. Dans la fenêtre du projet, je travaille avec des répertoires en attribuant une couleur donnée à chaque instrument. Ainsi, je m'y retrouve vite pendant la phase de création et je peux saisir immédiatement les idées dès qu'elles apparaissent. Le projet charge différents VSTi qui m'offrent une vaste sélection de sons. Il charge également des pistes audio préconfigurées dotées des plugins adaptés pour les vrais instruments et le chant, mais aussi la piste arrangeur pour que je puisse travailler facilement avec les différentes parties du morceau. La version actuelle simplifie encore la composition dans l'éditeur clavier qui me permet d'afficher aussi les marqueurs ou la piste arrangeur. Toutes les pistes sont ensuite reversées dans un système de bus. Dans la MixConsole, j'utilise aussi des faders VCA pour pouvoir contrôler le niveau ou la panoramique d'instruments individuels ou de groupes d'instruments complets de façon aussi rapide et flexible que possible. Pour finir, ce sont treize groupes, six pistes d'effets et quatre pistes de compression parallèle qui sont routés sur le bus maître.

Il faut deux jours complets de travail créatif intense dans Cubase pour finaliser six démos pertinentes qui établissent déjà clairement l'esthétique sonore. C'est alors que Konrad entre en jeu...

Quel est ton rôle, Konrad ?

Konrad : Une fois que la préproduction est terminée, j'utilise Dorico pour écrire l'arrangement pour le groupe de scène. Moi aussi, je démarre avec un patron préconfiguré qui contient déjà tous les instruments du groupe. À cela s'ajoutent une Lead sheet et, le cas échéant, la guitare ou le piano joué par l'artiste lui-même. Ensuite, je charge les fichiers MIDI exportés à partir de Cubase dans Dorico puis je copie les notes dans le patron qui contient en plus deux mesures de décompte initial. Ainsi, le morceau a exactement la même structure et le même nombre de mesures que dans Cubase. C'est important pour le processus de production qui s'ensuit. Au besoin, je corrige la partition et j'arrange le morceau pour qu'il puisse être interprété par le groupe de scène.

Quels sont les avantages de Dorico pour la création des partitions ?

Konrad : Avec notre méthode de production, il nous faut des partitions parfaitement propres et claires. De nombreuses fonctions de Dorico m'aident dans mon travail, par exemple la mise en page automatique qui empêche toute collision d'éléments. C'est fantastique. On gagne beaucoup de temps. Auparavant, il fallait travailler longtemps sur la mise en page. Je saisis toutes les données importantes dans la fenêtre d'information du projet, par exemple le nom de l'artiste, le titre, le compositeur, le numéro de la saison, etc. Les pages maîtres servent de gabarits grâce auxquels ces informations apparaissent toujours au bon endroit et avec la taille de police adaptée, aussi bien dans la partition que dans les parties individuelles. Ensuite, j'écris les notes avec le phrasé, la dynamique et tout ce genre d'informations dans la partition. Ce faisant, j'utilise uniquement le clavier de l'ordinateur avec les popovers correspondants. Ça va vraiment vite parce que la saisie et la mise en page sont séparées dans Dorico. Ainsi, on n'est pas obligé de commencer à déplacer certains éléments pendant qu'on travaille. J'aime aussi le fait qu'on n'inscrive les symboles d'accord qu'une seule fois dans la partition et qu'ils soient reportés immédiatement et automatiquement dans tout le groupe rythmique. Ensuite, je crée une mise en page sur quatre mesures pour les parties individuelles afin que la structure du morceau soit bien claire. Et le reste va tout seul. Tout est immédiatement à sa place. Quand le temps est compté, on peut toujours se reposer sur Dorico qui sait créer automatiquement une partition facile à lire.

Sous quelle forme les musiciens reçoivent-ils les partitions ?

Konrad : Tout le groupe travaille avec Dorico et a accès à mes arrangements. Chaque musicien télécharge les fichiers Dorico du serveur et peut ensuite réaliser des modifications dans sa propre partition. Ainsi, nous sommes très souples et chaque musicien peut organiser sa propre partition comme il souhaite la lire ensuite.

Est-ce que vous imprimez encore les partitions ou est-ce qu'elles sont affichées sur tablette ?

Konrad : Les cuivres jouent en lisant des PDF sur des iPads. Les musiciens de la section rythmique continuent d'imprimer leurs partitions sur papier.

Comment sont construits les différents univers sonores ?

Mathias : L'ingénieur du son et moi mixons les titres dès les répétitions pour nous approcher au maximum de l'esthétique sonore et du résultat final recherchés.

Il faut que le son soit fin prêt dès la fin des répétitions parce que le titre n'est joué qu'une seule fois pendant l'émission.

Comment sont réalisés les mixages définitifs ?

Mathias : Il est impossible qu'une seule personne puisse mixer tout ça dans le court intervalle entre l'enregistrement live et la diffusion de l'émission. Il faut trois ingénieurs du son pour mixer les quelque cinquante titres de chaque saison. L'équipe d'ingénieurs connaît mes goûts en matière de son. Dans le pire des cas, je peux me contenter de donner la direction émotionnelle que doit prendre chaque mix. Pendant le processus de mixage, mon rôle est d'établir les modifications souhaitées par les artistes et de les transmettre aux ingénieurs du son.

Quelles sont vos attentes en matière de production audionumérique ?

Mathias : Pour mon travail, Cubase est déjà quasiment parfait.

Je n'ai qu'un souhait et il concerne les éditeurs tiers dont les plugins actuels ne sont disponibles qu'au format VST 2. Ces plugins consomment des ressources même quand aucun signal ne les alimente. J'aimerais que tous passent au format VST 3, ce qui permettrait d'exploiter totalement le potentiel de Cubase.

Konrad : La version 3.5 de Dorico fournit toutes les fonctions essentielles dont j'ai besoin pour mon travail. Le logiciel s'est développé incroyablement vite d'une version à l'autre. Et j'imagine que ce n'est pas terminé et que nous allons avoir encore pas mal de surprises. Je suis curieux de voir ça.

Mathias : Je crois que ce qui nous plaît aussi beaucoup à tous les deux, c'est la relation directe avec les développeurs de Steinberg qui restent toujours à l'écoute de nos souhaits et de nos propositions.

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